Forêt Française

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Description

 

L'estimation de la séquestration carbone

 

A l’échelle globale, les sols et les forêts (y compris les produits issus du bois) stockent, sous forme de biomasse vivante ou morte, 3 à 4 fois plus de carbone que l’atmosphère. Toute variation négative ou positive de ces stocks, même relativement faible, peut influer sur les émissions de gaz à effet de serre. La séquestration nette de dioxyde de carbone (CO2) est un flux net positif de l’atmosphère vers ces réservoirs qui se traduit au final par une augmentation des stocks. L’estimation territoriale de ce flux se base sur les informations disponibles sur les changements d’affectation des sols (ex : artificialisation des sols, déforestation), la dynamique forestière et les modes de gestion des milieux (ex : pratiques agricoles) qui modifient sur les stocks de carbone en place.

L'estimation de la séquestration carbone est devenue obligatoire dans le cadre de l'élaboration d'un PCAET (décret le n° 2016-849). L'objectif est de mettre l'accent sur le service rendu par les forêts, les couverts végétaux et les sols, comme "puits carbone" dans le contexte du réchauffement climatique. 

 

CE QUE DIT LE DÉCRET :

 

« Le diagnostic comprend : une estimation de la séquestration nette de dioxyde de carbone et de ses possibilités de développement identifiant au moins  les  sols agricoles et la forêt, en tenant compte des changements d’affectation des terres ; les potentiels de production et d’utilisation additionnelles de biomasse à usages autres qu’alimentaires sont également estimés, afin que puissent être valorisés les bénéfices potentiels en termes d’émissions de gaz à effet de serre, ceci en tenant compte des effets de séquestration et de substitution à des produits dont le cycle de vie est plus émetteur de tels gaz. »

 

 

 

Flux carbone 

 

D’un point de vue méthodologique, l’estimation des flux de carbone entre les sols, la forêt et l’atmosphère est sujette à des incertitudes importantes car elle dépend de nombreux facteurs, notamment pédologiques et climatiques. Deux éléments doivent être pris en compte pour estimer ces flux :

Les changements d’affectation des sols ;

A titre d’exemple, en France, les trente premiers centimètres des sols de prairies permanentes et de forêts présentent des stocks près de 2 fois plus importants que ceux de grandes cultures. La mise en culture d’une prairie permanente aboutit ainsi à une émission de CO2 vers l’atmosphère ; au contraire, la forte augmentation de la surface forestière qui a eu lieu au cours du XXème siècle a généré un puits carbone important.

Les modes de gestion des milieux, notamment :

- Les pratiques agricoles (ex : gestion des résidus de culture, semis direct, couverture du sol, agroforesteries, haies, apports de produits résiduaires organiques). Par exemple, la couverture du sol en hiver va permettre d’accroître les apports de biomasse au sol tout en limitant les risques d’érosion et de lessivage des nitrates ;

- Les modes de gestion sylvicole, les niveaux de prélèvement de la biomasse et son mode de retour au sol. Ainsi, la gestion durable de la forêt et le retour au sol de la biomasse est essentiel au maintien des stocks de carbone.

- Les stocks et flux dans les produits issus de la biomasse prélevée, en particulier le bois d’œuvre

 

Outil ALDO de l’ADEME

 

Pour aider les territoires dans leur diagnostic, l’ADEME a développé l’outil « ALDO 242 ». Ce tableur Excel propose, à l’échelle des EPCI, des valeurs par défaut pour :

L’état des stocks de carbone organique des sols, de la biomasse et des produits bois en fonction de l’aménagement de son territoire (occupation du sol) ;

La dynamique actuelle de stockage ou de déstockage liée aux changement d’affectation des sols, aux forêts et aux produits bois en tenant compte du niveau actuel des prélèvements de biomasse ; 

Les potentiels de séquestration nette de CO2 liés à diverses pratiques agricoles pouvant être mises en place sur le territoire.

 

Deux sources majeures d’informations ont nourri le volet biomasse des forêts de l’outil ALDO:

Les résultats de l’enquête d’Inventaire Forestier National (IFN) de l’IGN qui produit des données sur les volumes de bois et les flux de carbone des principaux types de peuplements forestiers à l’échelle des régions administratives, des Grandes Régions Écologiques (GRECO) ;

La cartographie des types de peuplements forestiers (différenciant feuillus, résineux et mixte et peupleraies) au niveau des EPCI produite par l’IGN qui permet le calcul des surfaces des différents types de peuplements forestiers cartographiées dans chaque commune ;

 

A noter : Aldo intègre également des données sur les variations de stocks de carbone dans les sols qui ne sont pas mentionnées ici.

 

Toutes ces informations sont mises librement à la disposition des territoires pour les aider dans la réalisation de leurs diagnostics sur le carbone des écosystèmes forestiers. Il est important de vérifier leur pertinence et, le cas échéant, de les remplacer par des valeurs plus cohérentes avec le territoire. 

Retrouvez la page dédiée sur le site de l’ADEME : https://www.ademe.fr/contribution-lign-a-letablissement-bilans-carbone-forets-territoires-pcaet, dont notamment le rapport d'étude de l'IGN expliquant comment ont été obtenus les données forestières utilisées dans l'outil ALDO (volet 0 du rapport).

 

 

Intégration des données dans la Base Carbone®

 

Dans l’outil ALDO, les données de flux de carbone liées aux variations de stocks C dans la biomasse forestière proviennent des facteurs de séquestration moyen par Grandes Régions Ecologique et par typologie de peuplement (feuillus, résineux, mixte et peuplier).

Afin de conserver une facilité de navigation et ne pas se soustraire à l’autonomie de l’outil ALDO, la Base Carbone® n’intègre pas le même niveau de précision que  l’outil Aldo. Les facteurs d’émissions/séquestration (en tCO2/ha/an) inclus dans la Base Carbone® correspondant aux 22 anciennes régions administratives métropolitaines et la moyenne « France », sans différencier la région écologique, et avec une granulométrie du type de peuplement plus grossière que celle disponible dans ALDO (par ensemble de composition VS essence par essence). Ces valeurs agrégées ont été fournies par l’IGN (https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/carbone-epci-ign-2019-volet0-guide-ademe.xlsx). Elles permettent de donner des premiers ordres de grandeurs et de montrer l’étendue des informations disponibles.

Nous invitons grandement les utilisateurs de la Base Carbone® à utiliser directement les données issues de l’outil ALDO pour plus de précision. Il est important de garder à l’esprit que ces données de flux carbone sont très sensibles à la localisation et à la typologie de peuplement. Ainsi, il est recommandé de descendre à l’échelle locale la plus fine disponible.  

 

Sources :

 

[242] ADEME – Outil ALDO - Estimer la séquestration de CO2 dans les sols et la biomasse