Déchets du batiment |
Le Syndicat des Entreprises de Déconstruction, Dépollution et Recyclage (SEDDRe) a mené, avec le bureau d’études Crowe – Sustainable Metrics, une étude visant à mieux connaitre la composition des déchets du bâtiment à l’échelle de la France métropolitaine et à définir des valeurs moyennes d’émissions de gaz à effet de serre liées à la fin de vie de ces déchets860.
Déchets du bâtiment (SEDDRe – Crowe Sustainable Metrics 2018)
Description du facteurs d’émissions
Composition et représentativité du gisement de déchetsLa composition des déchets collectés en pied de chantier de déconstruction est issue de l’enquête démolition réalisée auprès d’entreprises de déconstruction (22 chantiers), complétée de données statistiques consolidées. Il s’agit de données moyennes, les proportions varient en fonction du type de bâtiment (industriel, tertiaire, résidentiel) et de la nature du chantier. A noter que les flux de déchet modélisés ne correspondent pas à des flux mono-matériaux purs : leur dénomination reflète le type de matériau principal, qui est généralement présent en mélange avec d'autres matériaux minoritaires en masse. Ces matériaux minoritaires font l'objet d'opérations de gestion en fin de vie (tri, élimination ou valorisation) qui sont comptabilisées et attribuées au flux dans lequel ils sont collectés. De la même manière, les émissions évitées par la valorisation de ces matériaux minoritaires sont également comptabilisées et attribuées au flux de déchets dans lequel ils sont collectés. Dans certains cas, ces matériaux minoritaires en masse peuvent représenter une source significative d'impacts et/ou d'émissions évitées à l'échelle du flux de déchets.
Périmètre
L’analyse réalisée a permis de calculer trois types de facteurs d’émissions : -Facteurs d’émissions liées à la fin de vie des déchets envoyés vers des filières de valorisation (étape de tri/regroupement des déchets) ; -Facteurs d’émissions relatifs à la production de matières premières de recyclage (étape de transformation liée à la valorisation des déchets) ; -Facteurs d’émissions relatifs à la production évitée grâce à la valorisation.
Ne sont aujourd’hui intégrés dans la Base Carbone® que les facteurs d’émissions liées à la fin de vie des déchets et les facteurs d’émissions relatifs aux émissions évitées grâce à la valorisation.
Deux unités fonctionnelles ont été définies, selon que : -D’une part, on considère les facteurs d’émissions relatifs à la fin de vie des déchets de chantier envoyés vers des filières de valorisation : « une tonne de déchets collectés en pied de chantier et envoyés vers une filière de valorisation dans le but de produire des matières premières de recyclage en substitution de matériaux vierges » ; -D’autre part, on considère les facteurs d’émissions relatifs à la production de matière première de recyclage : « une tonne matière première de recyclage ».
Le périmètre considéré est défini de la manière suivante :
Déchets du bâtiment : périmètre considéré 860
Le calcul des émissions liées à la valorisation matière des déchets du bâtiment prend en compte les émissions des étapes allant de la collecte des déchets en pied de chantier jusqu’à la production de matière première de recyclage substituable à un matériau vierge. Le calcul des émissions liées à la valorisation énergétique des déchets prend en compte les émissions des étapes allant de la collecte des déchets en pied de chantier jusqu’à la production d’énergie.
Les postes exclus du périmètre sont : ‒En amont : les émissions relatives à la déconstruction des bâtiments et à la préparation des déchets sur chantier (dépose des matériaux, remplissage des bennes, etc.) ; ‒En aval : la fabrication du produit final (plaque de plâtre, panneau de particules, etc.) et le transport de la matière première de recyclage jusqu’à l’usine de fabrication du produit fini. ‒Mais également, l’éclairage, le chauffage et le nettoyage des ateliers ; la consommation d’énergie des bâtiments administratifs ; les déplacements des employés sur site ; la fabrication et la maintenance lourde de l’outil de production et des systèmes de transport pour chaque étape ; les consommables des produits et équipements nécessaires au fonctionnement du processus.
Les principaux résultats de l’étude mettent en avant deux postes majeurs d’émissions (et donc leviers de réduction des émissions) des filières de valorisation des déchets de chantier : ‒Les distances parcourues par les déchets jusqu’aux plateformes de valorisation ; ‒Les consommations d’énergie des engins utilisés sur site.
Origine des données utilisées
L’étude menée par le SEDDRe s’appuie sur les sources suivantes : ‒Enquête démolition menée en 2017 auprès des adhérents du SEDDRe, ayant permis de collecter la production de déchets par flux de 22 chantiers. ‒SOeS : Enquête sur les déchets et déblais produits par l’activité BTP (2010) ‒ADEME: Guide "Estimation de la production de déchets de bâtiment", OPTIGEDE ‒Données d’activité collectées auprès de centres de tri et de plateformes de recyclage (pour la filière de recyclage des déchets de métaux, des facteurs d’émissions existants utilisés pour calculer les émissions relatives à la collecte et à la transformation des déchets). ‒Etude FEDEREC/ADEME « Evaluation environnementale du recyclage en France selon la méthodologie de l’analyse de cycle de vie » pour les métaux Les facteurs d'émissions intermédiaires utilisés proviennent de la Base Carbone® et la Base INIES.
Représentativité
Représentativité techniqueBéton: 100% des déchets de béton triés en pied de chantier sont considérés recyclés sous forme de granulats, selon 3 circuits utilisés à parts égales (33,3%): concassage sur site, concassage sur plateforme de recyclage, transit en centre de tri et concassage sur plateforme de recyclage. Ces hypothèses ont été jugées représentatives de la filière de recyclage actuelle en France métropolitaine par le comité d’experts. Le recyclage du béton dans du béton a été exclu car encore marginal à l’échelle de la France. Les granulats recyclés ont des caractéristiques techniques équivalentes aux granulats produits à partir de roches massives : il y a donc égalité fonctionnelle entre le granulat recyclé et le granulat issu de carrières. Pour 1 tonne de déchets de béton collectés en pied de chantier, 0,96 tonne de granulat recyclé est produite et 0,02 tonne de ferraille est envoyée en recyclage.
Bois B: La filière de valorisation des déchets de bois de construction est composée de deux circuits principaux : plateforme de recyclage avec tri sur site (60%), centre de tri/transit & plateforme de recyclage (40%). Ces hypothèses ont été jugées représentatives des pratiques actuelles en France métropolitaine par le comité d’experts filière. Les déchets de bois envoyés en valorisation sont broyés pour produire des particules de bois : 80% des particules de bois produites à partir de déchets du bâtiment sont recyclées dans la production de panneaux de bois ; 20% sont valorisées énergétiquement pour produire de la chaleur, sachant que pour une tonne de déchets de bois de construction triés en pied de chantier, 0,80 tonne de copeaux de bois recyclés est produite afin d’entrer dans la production de panneaux de bois, 0,17 tonne de déchets est valorisée énergétiquement et 0,11 tonne de métaux sera envoyée en valorisation. L’hypothèse a été faite d’une égalité fonctionnelle entre les copeaux de bois recyclés et les copeaux de bois issus de forêt (connexes de scieries et de rondins). Les émissions évitées (hors carbone biogénique) sont principalement liées à la production évitée de combustibles fossiles et à la valorisation des déchets métalliques extraits des déchets de bois de construction.
Plâtre: la transformation des déchets de plâtre en poudre de gypse recyclé est réalisée soit en usine de prétraitement (70%, il s’agit de plateformes de recyclage spécialisées dans la transformation du plâtre), soit en usine de fabrication de plaque de plâtre (30%, le broyage des déchets de plâtre est réalisé en amont de la chaine de production avec un cahier des charges plus strict : les déchets en mélange avec des matériaux autres que le carton ne sont pas acceptés. Le taux de déchets non valorisés est par conséquent plus faible qu’en usine de prétraitement). Le gypse recyclé est destiné à la fabrication de plaque de plâtre. Les apports directs de déchets de plâtre vers des sites de valorisation, la valorisation en amendement agricole et en cimenterie n’ont pas été pris en compte en raison des faibles volumes concernés. L’hypothèse d’une égalité fonctionnelle entre le gypse recyclé et le gypse issu de carrière a été retenue.
Métaux: Les FE proposés sont directement issus de l’étude FEDEREC/ADEME « Evaluation environnementale du recyclage en France selon la méthodologie de l’analyse de cycle de vie » publiée en Mai 2017. L'incertitude de 20% a été définie dans le cadre de l'étude SEDDRe. Déchets inertes en mélange: La filière de recyclage des déchets inertes en mélange à l’échelle de la France métropolitaine est aujourd’hui peu développée. Selon les acteurs du secteur, la valorisation des déchets inertes n’est pas économiquement viable à l’heure actuelle. Par conséquent, dans le cadre de l’étude SEDDRe, il a été défini que 100% des déchets inertes en mélange transitant en centres de tri (mécanisés pour 70%, manuels pour 30%) étaient destinés au remblaiement de carrières. Les déchets inertes se substituent à du granulat extrait de ressources vierges lorsqu’ils sont utilisés en remblaiement.
Déchets non dangereux en mélange (bois B, métaux, plâtre, déchets inertes et autres déchets non dangereux) : 100% des déchets non dangereux en mélange envoyés en valorisation sont envoyés en centres de tri: centre de tri automatisé avec une chaine de tri (35%) ou centre de tri mécanisé, avec utilisation d’une pelle (65%). A l’issue du tri, les déchets valorisables sont envoyés vers des plateformes de recyclage ou en remblaiement selon la nature des flux. La valorisation des déchets non dangereux sous forme de combustible solide de récupération (CSR) n’a pas été prise en compte dans le cadre de l’étude. La production de matière première de recyclage dépend de la composition de la benne en mélange. La présence de déchets inertes dans la benne en mélange est un paramètre fortement sensible pour les émissions générées par l'étape de transformation, comme pour les émissions évitées qui dépendent également fortement de la part des déchets de bois de classe B et des métaux.
Représentativité temporelleLes schémas de filière ont été établis en 2017 et les données d’activité relatives aux consommations des équipements mobiles et fixes utilisés lors du traitement des déchets ont été collectées entre septembre 2017 et juillet 2018. La validité de ces données dépend principalement de l’évolution des performances énergétiques des équipements (pelles et chargeuses hybrides par exemple) et du développement des filières sur le territoire (réduction des distances parcourues par les déchets). Dans le cadre de l’étude, la validité des facteurs d’émissions a été fixée à 5 ans (2019 – 2024).
Représentativité géographiqueL’utilisation des facteurs d’émissions calculés dans le cadre de l’étude est pertinente à l’échelle de la France métropolitaine.
Sources : [860] SEDDRe – Crowe Sustainable Metrics 2018 - émissions de GES de la valorisation des déchets de chantier
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